Cette collection a commencé lors d’une visite du Musée Grévin  en 1957, après l’émerveillement d’un enfant de 10 ans, que j’étais  à  l’époque. Au moment de quitter les lieux je vis un assignat que ma grand-mère m’acheta pour 50 centimes. Pour moi ce billet représentait la vie, au quotidien, qui manquait à ses personnages  en cire.

                C’était l’époque ou tous les enfants faisaient un peu une collection de timbres.  Habitant Montmartre, c’était le lieu où l’art pictural et du rayonnement de la France dans ce domaine. De plus, en suivant mes études au Lycée Jacques Decour, les billets étaient imagés des personnages de mes cours d’histoire, de la France, des colonies et du symbolisme de valeurs comme la paix, la droiture, l’abondance et le travail….

                En 1985, mon banquier m’a présenté une dame qui venait demander le remboursement de billets qui avait été retrouvés dans un livre, une vingtaine. Ces billets n’étaient plus repris par la Banque de France. J’ai acheté un livre de Muszynski ou l’on pouvait découvrir et se faire une idée du nombre de billets émis par la Banque de France environ 200 hâtivement calculé. Le virus de la collection m’a contaminé dans la journée. Nous étions pendant les 30 glorieuses, même si l’argent était facile un billet de 50 francs c’était 50 francs « de perdu » dans le ménage ! Alors il m’est venu à l’esprit, que la France allait surement faire une grande manifestation pour le bicentenaire de la révolution. En trainant chez des numismates rue Lafayette, j’ai découvert de nombreux assignats vendus pour une « bouchée de pain ». Il est vrai qu’à l’époque révolutionnaire le pain était l’aliment principal. Un des propriétaires d’une boutique, « sentant sa fin prochaine » ayant senti en moi un collectionneur averti me céda les assignats qu’il avait gardé pour lui au cours de ses achats et ventes.

                La beauté des billets français a permis à la Banque de France de rayonner dans le monde. L’évolution de la fabrication allait avec les progrès de la science à cette époque. La France imprimait les billets des colonies et pour certains pays étrangers.

                J’avais travaillé 3 ans dans la commune limitrophe de Montgeron où Bojarski, le célèbre faussaire dont le Général de Gaulle avait dit : « nous les payons ils sont tellement bien faits ». Et un jour mon rève c’est réalisé en trouvant des « Bojarski ». Je suis devenu totalement dépendant du virus de la collection du papier monnaie et de la classification de Mr Muszynski.

                N’ayant jamais adhéré à un club quelconque de numismatique, j’ai réalisé cette collection avec ma personnalité. Pour moi un billet doit avoir vécu, il doit être passé de mains en mains pour acheter du pain, un cheval, un médicament, un terrain, une maison…. Il doit comporter sur lui l’ADN des utilisateurs de l’époque. Après 35 ans de collection je ne comprends pas la cause de la valeur très importante d’un billet « flambant neuf et spécimen » car de toute évidence, seuls les privilégiés de la fabrication des billets peuvent les obtenir comme en philatélie les spécimens non dentelés.

                Dans mon métier, je manipulais les chèques de mes clients. Le Crédit Agricole avait de magnifiques chèques dans toutes les régions de France. Avec les faussaires le filigrane est apparu dans certains chèques. La carte de crédit, le paiement informatique à la « nano-seconde » est en train de mettre fin à l’existence du chèque.

                Le virus a muté, fouillez les archives de vos grands parents, c’est le moment de rechercher les vieux chèques de nos grands-mères, ils sont gratuits, ils appartiennent à notre patrimoine du papier monnaie. La première vente aux enchères a eu lieu en 2015, il y avait un « chèque-mandat » écrit entièrement manuscrit, en livres tournois et sol, daté d’un mois révolutionnaire  qui prochainement vaudra peut être le prix d’un billet de Monoye.  Fouillez vos greniers et vous avez peut être un trésor, qui est à découvrir, dans la vieille comptabilité obsolète d’un de vos ancêtres.

 

                A notre époque, vivre avec une passion, c’est le bonheur qu’il nous manque parfois.